lundi 17 septembre 2007

allaiter, une atteinte à la "pudeur" ?

J'apprends ce matin qu'une jeune femme aurait été "verbalisée" par un policier municipal dans le sud de la France pour avoir allaité son petit de 11 mois dans un parc. Il semblerait que deux personnes âgées, dont l'intelligence atteint des hautes sphères, aient signalé à ce policier cette situation choquante à leurs yeux.

Sur le plan juridique les choses sont simples : il n'existe plus, en droit français, depuis 1994, d'attentat à la pudeur. Seuls sont justiciables d'une sanction pénale les "exhibitions sexuelles" imposés à la vue d'autrui, ce qui renvoie nécessairement à des actes de nature sexuelle et non seulement impudique.
Il est vrai que la mode du monokini et d'une manière générale, le port de maillots de bain une bonne partie de l'année sur les plages laisserait à défaut fort à faire à nos forces de police, même municipale, qui ont hélas d'autres chats à fouetter.

L'allaitement n'étant bien évidemment pas, sauf pour les esprits les plus dérangés - mais la loi n'est pas là pour les protéger - , de nature sexuelle, et n'étant le plus souvent pas imposé à la vue d'autrui (la plupart des femmes qui allaitent "en public" - terminologie d'ailleurs totalement impropre - étant le plus discrètes possible) il manque les deux éléments constitutifs de l'article 222-32 du code pénal. Aucune sanction n'est possible (pour plus d'éléments sur ce point, voir mon ouvrage, pp. 141-146).

Il pourrait certes arriver qu'un maire prenne un arrêté spécifique interdisant l'allaitement à l'extérieur de chez soi en sorte et dans les limites territoriales de sa municipalité en sorte que le faire constituerait une contravention. J'invite toutes les mères ou associations à me faire savoir et à faire savoir par voie de presse, si l'un d'entre eux choisirait cette voie hautement ridicule. Ledit arrêté serait naturellement totalement illicite et pourrait être contesté....


Addendum

La Mairie de la petite ville en question vient d'apporter un démenti formel à cette information, qui aurait été le fruit de l'imagination malade d'une jeune femme en mal d'attention.... à suivre, une plainte ayant été déposée par la première.

Si le comportement étrange -mai pas inédit, l'actualité se fait régulièrement l'écho de ces mensonges médiatisés - de cette jeune personne met mal à l'aise, c'est que certains pourraient penser qu'il va fragiliser la position des mères qui allaitent sans tant de tapage. Soit le plus grand nombre.
A mon sens l'effet sera pourtant positif : cela aura au moins permis de mettre sur le devant de la scène la parfaite légalité dans notre pays de l'allaitement dit "en public".
Nous en aurons parlé. La presse en aura parlé. Finalement là est l'essentiel.